Restauration de la tombe des Flammarion

Crédit : Gilles Dawidowicz

Grâce à un généreux don de Monsieur Alain Darsy, membre bienfaiteur de la Société Astronomique de France, la tombe de Camille Flammarion et de ses deux épouses (Sylvie et Gabrielle), située dans le parc de l’observatoire Camille Flammarion, vient d’être restaurée. Nettoyages, gravures, rechampissages… le chantier à duré plusieurs mois et a permis de corriger un oubli : l’indication des dates de naissance et de décès des deux épouses de Camille Flammarion et la réalisation d’une palme il y a bien longtemps disparue…

Gilles Dawidowicz, vice-président de la Société astronomique de France, a interviewé Alexandre Jarbin, le graveur qui a effectué la restauration.

Gilles Dawidowicz : Alexandre Jabrin, qui êtes vous ?

Alexandre Jabrin : Je suis graveur sur pierre depuis 20 ans maintenant.

G D : Comment êtes-vous arrivé à ce métier si particulier ?

A J : J’avais un oncle dans le métier qui m’a appris les bases, puis je me suis perfectionné en allant voir d’autres graveurs et en essayant.

G D : Avant la restauration de la tombe des Flammarion, connaissiez-vous ces personnages ?

A J : Je connaissais de nom la maison d’édition mais pas leurs parcours. Je passais souvent devant l’observatoire en trouvant le bâtiment joli, et je m’interrogeais sur son histoire.

G D : Saviez-vous qu’ils avaient leur tombe dans le Parc ?

A J : Non. C’est vrai que c’est un grand parc et que leur tombe est dans un endroit plutôt retiré.

G D : Quelles ont été les étapes de cette restauration ?

A J : Il a fallu déjà faire un nettoyage de la pierre, à l’acide chlorhydrique. Elle était noircie par le temps et verdie par les mousses et lichens qui s’y sont installés au fil des décennies. Peu à peu les lettres des prénoms et noms ainsi que les dates de naissance et de décès se sont effacées… Ensuite concernant la reprise des gravures, j’ai retracé les lignes de bases, puis j’ai élargi au marteau et au burin les lettres érodées par le temps. J’ai ensuite réchampi la couleur brun van dick (bordeaux) de sorte à conserver l’aspect d’origine, mais aussi pour obtenir plus de contraste avec ce type de pierre étant donné qu’elle est placée à l’ombre d’arbres et de taillis.

G D : Et pour la palme gravée ?

A J : Concernant la réalisation de la palme gravée pour Camille Flammarion, je l’ai dessinée à main levée puis gravée au marteau et au burin dans la foulée. Cela m’a pris 5 heures de travail, en incluant la peinture délicate et précise des feuilles et de la tige. Il a fallu choisir la couleur après quelques essais : les palmes auraient pu être dorées, argentées ou même pailletées, mais l’orientation plein ouest de la tombe qui en plus est toujours à l’ombre, ne permettait pas ces choix de coloris qui étaient trop claires et peu contrastées. Nous avons finalement opté pour du vert.

G D : Combien de temps pensez-vous que cette restauration durera ?

A J : Cela dépend surtout de l’humidité qui accélère la prolifération de mousses et abimera la tenue de la peinture. La stèle est en pierre calcaire qui retient l’humidité et finit par se dégrader du fait d’une corrosion chimique. Le travail de restauration sera visible je pense dans 15 ou 20 ans, surtout si on nettoie de temps en temps les éventuelles saletés…