Un timbre à l’effigie de Camille Flammarion

Le 10 juin 2025, La Poste émet un timbre à l’effigie de Camille Flammarion

Création et gravure Louis Genty d’ap. photo Musée de la ville de Paris, Musée Carnavalet Paris, © Archives Charmet / Bridgeman Images

Vente générale : 10 juin 2025

Premier jour : du 6 juin au 7 juin 2025

Création et gravure : Louis Genty
Impression : taille-douce
Format du timbre : 30 x 40.85 mm
Présentation : 15 timbres à la feuille
Tirage : 599 940 exemplaires
Valeur faciale : 2,10 € Lettre Internationale
Conception graphique timbre à date : Louis Genty

Dans l’ombre des étoiles : Louis Genty, graveur de timbres et artisan du ciel

Interview réalisée par Gilles Dawidowicz, Yves Monier et Stéphane Sébile de la Commission astrophilatélie (SAF).

À l’occasion de l’émission d’un nouveau timbre en l’honneur de Camille Flammarion, trois membres de la Commission astrophilatélie sont allés à la rencontre de Louis Genty, jeune graveur de timbres passionné, pour qui la précision et la beauté du trait sont une vocation. Rencontre avec un artisan d’exception.

La Commission astrophilatélie : Louis Genty, qui êtes-vous ?
Louis Genty : Je suis graveur de timbres depuis 2021. C’est aujourd’hui mon activité principale. C’est un métier rare et passionnant, à mi-chemin entre l’artisanat et l’illustration.

Combien de timbres réalisez-vous par an ?
En moyenne quatre ou cinq. Ça peut paraître peu, mais chaque projet demande beaucoup de temps. Il faut environ un mois pour le dessin, avec de nombreux allers-retours avec La Poste, puis entre deux semaines et un mois et demi pour la gravure selon la complexité. En tout, on parle de deux mois et demi de travail par timbre.

Comment en êtes-vous arrivé à la gravure de timbres ? Étiez-vous philatéliste ?
Pas du tout ! Je connaissais peu la philatélie et pas vraiment la gravure. Mon père collectionnait quelques timbres et gravures, alors peut-être que ça m’a inconsciemment influencé… En fait, j’étais surtout passionné de dessin. J’ai fait des études d’art appliqué, à l’école Duperré d’abord, puis à l’école Estienne, où j’ai découvert la gravure. C’est là que j’ai su que je voulais faire ça : dessiner, graver, diffuser à grande échelle. C’est un métier de niche, très peu connu. Puis j’ai eu la chance de rencontrer Guy Vigoureux, Meilleur Ouvrier de France, qui m’a formé.

Gravez-vous encore selon des méthodes traditionnelles ?
Absolument. On grave à l’échelle 1 sur un poinçon en acier riche en carbone, avec des burins en acier trempé. Tout se fait à la binoculaire. C’est un travail de très haute précision : on parle de profondeur de traits qui varie entre 15 et 80 microns. Une fois le dessin validé, la gravure commence, sans droit à l’erreur.

Que devient ce poinçon une fois terminé ?
Il est envoyé à Philaposte à Boulazac, où l’on tire quelques épreuves d’artiste pour les collectionneurs. Puis le poinçon est scanné en 3D pour reproduire fidèlement la gravure sur des cylindres d’impression. L’original, lui, est conservé au Musée de La Poste.

Justement, parlons de Camille Flammarion. Connaissiez-vous son œuvre avant de travailler sur ce timbre ?
Je connaissais son nom, mais je le confondais avec son frère Ernest, fondateur des éditions Flammarion. Je me suis plongé dans sa vie à l’occasion du projet. Mon père est passionné d’astronomie : il observe le ciel avec un télescope, photographie les éclipses… C’est un univers que j’ai toujours trouvé fascinant, même s’il n’est pas au cœur de mon quotidien.

Aviez-vous des contraintes artistiques précises pour ce timbre ?
Il fallait représenter Flammarion de manière fidèle, moderne et différente du timbre de 1956. L’Observatoire de Juvisy ne devait pas apparaître sur le timbre — il figure en revanche sur le document philatélique. J’ai proposé trois maquettes très différentes, dont une a été retenue. Ensuite, on affine beaucoup, notamment sur les couleurs, qui doivent rester bien séparées.

Combien de temps a pris la réalisation ?
J’ai été contacté en août 2024, et la gravure s’est terminée en décembre. Ensuite, j’ai travaillé sur le contour de la feuille, en y ajoutant plusieurs constellations : la Grande Ourse, le Taureau, la Vierge, mais aussi le Bélier et le Poisson — clin d’œil personnel à mon signe et à celui de ma compagne. Le document philatélique a pris trois mois, avec deux propositions et de longues discussions techniques.

Quelle est la particularité de ce timbre ?
J’ai été inspiré par le graveur Claude Mellan et son incroyable Sainte Face, réalisée d’une seule ligne. Pour Flammarion, j’ai utilisé une approche similaire : un tracé continu, sans croisement, jouant uniquement sur l’épaisseur des lignes pour modeler le visage. Un vrai défi technique, mais un résultat dont je suis fier.

Et le cachet d’oblitération ?
C’est une étape ultérieure. J’ai proposé trois dessins vectorisés, réalisés sur Illustrator. Le comité de La Poste en a choisi un sans retouche. Cinq villes auront un cachet Premier Jour : Paris, Juvisy, Montigny-le-Roi, Marseille et Cannes. Je ferai des dédicaces à Paris et Juvisy le 6 juin.

Enfin, comment avez-vous décidé de représenter Flammarion ?
Le comité m’a envoyé plusieurs photos. Il fallait en choisir une représentative, mais avec une coiffure « domptée », car il avait souvent les cheveux en bataille. Il s’agissait de capter son regard, son expression, dans un portrait à la fois classique et moderne.


Un métier d’orfèvre au service de l’art et de la mémoire. Louis Genty grave les visages et les idées dans l’acier, et à travers eux, une part de notre patrimoine. Le timbre Camille Flammarion, à paraître le 6 juin 2025, en est le nouvel exemple.


Crédit : Gilles Dawidowicz – SAF

Crédit : Louis Genty

Crédit : Louis Genty